Leguideinfo.net : L’affaire de l’enlèvement et des allégations de torture de Me Mohamed Traoré continue de faire des vagues en Guinée, et la tension monte entre le Barreau et les autorités. Immédiatement après leur assemblée générale extraordinaire, les avocats se sont dirigés vers le ministère de la Justice avec l’intention de rencontrer le ministre pour lui présenter leurs actions de protestation. Cependant, ils ont été confrontés à un refus de réception catégorique de la part du garde des sceaux, une situation qui a ulcéré la profession.

« Le Ministre de la Justice a du mépris pour le Barreau ! »
Me Faya Gabriel Kamano, le bâtonnier par intérim, a lu un communiqué exprimant la consternation de l’Ordre. « Nous avons été surpris à notre arrivée », a-t-il déclaré, expliquant que la secrétaire du ministre, puis son conseiller, les avaient informés que le ministre les recevrait à condition d’obtenir un rendez-vous écrit. Les avocats ont insisté sur le caractère « exceptionnel » de la situation, rappelant que le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme devrait être personnellement préoccupé par une telle affaire.
Après de nouveaux échanges, la réponse finale du ministre a été qu’ils devaient lui adresser un écrit pour être reçus. Face à ce qu’ils considèrent comme une fin de non-recevoir, le bâtonnier par intérim n’a pas mâché ses mots : « Les choses sont désormais claires. Le ministre de la Justice a du mépris pour le barreau. Il ne faut pas avoir peur des mots. Le ministre de la Justice a du mépris pour le barreau. »

Actions de protestation maintenues et appel au calme
Le Barreau a affirmé qu’il en « tirera les conséquences, » soulignant l’interdépendance de la justice et du barreau pour un bon fonctionnement. Les résolutions prises lors de l’assemblée générale extraordinaire restent « en vigueur », et seront « expérimentées pour un délai de deux semaines. » Au terme de cette période, une nouvelle assemblée sera convoquée pour « dégager la conduite à tenir. »
Insistant sur la nature apolitique de leur démarche « Nous ne sommes pas des politiciens, nous sommes des avocats. Nous protestons contre la violation des droits des hommes», le bâtonnier par intérim a demandé aux avocats de rentrer chez eux « tranquillement sans aucun slogan » et de ne mener ‘’aucune activité.’’ Cette consigne vise à éviter toute escalade immédiate sur la voie publique, tout en maintenant la pression. Il a également noté que le procureur général n’avait pas non plus voulu les recevoir.

Cette escalade des tensions entre le Barreau et le ministère de la Justice suite à l’affaire Me Traoré risque de paralyser davantage le système judiciaire guinéen et d’intensifier la crise de confiance entre les acteurs de la justice et le pouvoir en place.