Leguideinfo.net : Alors que Martin Fayulu appelle à un dialogue direct avec Félix Tshisekedi pour « sauver la RDC », certains opposants dénoncent un virage incohérent et dangereux. Heradi Djunussa, proche de Kabila, fustige des revirements qui fragilisent l’opposition.

Kinshasa, RDC – La dernière déclaration de Martin Fayulu continue de faire des vagues. L’opposant, chef de l’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECiDé), a appelé à une rencontre directe avec le président Félix Tshisekedi, estimant qu’un dialogue est nécessaire pour sortir la République démocratique du Congo de la crise actuelle. Un appel qui n’a pas manqué de susciter des réactions vives, y compris dans les rangs de l’opposition.
Heradi Djunussa Jonas, président de la Coalition des Patriotes Volontaires (CPV) et proche de l’ancien président Joseph Kabila, se dit préoccupé par ce qu’il qualifie de volte-face dangereuse. Selon lui, Martin Fayulu adopte des positions fluctuantes qui sèment le doute sur sa constance politique.

« Fayulu est aujourd’hui comme un véhicule sans freins ni phares qui roule de nuit. Le danger est immense », déclare-t-il, utilisant une métaphore choc pour souligner l’imprévisibilité de son rival politique. « Depuis sa première candidature à la présidentielle, Fayulu multiplie les discours, mais sans véritable ligne directrice. Tantôt il parle de vérité des urnes, tantôt de cohésion nationale. Hier, il rejetait l’idée d’un gouvernement d’union. Aujourd’hui, il veut dialoguer avec Tshisekedi. Qui est vraiment Fayulu ? »
La critique de Djunussa intervient alors que Fayulu a également profité de son allocution pour interpeller l’ancien président Joseph Kabila, lui demandant de quitter Goma — une ville qu’il qualifie de martyre. Il a aussi accusé Corneille Nangaa, ex-président de la CENI, de complicité dans les violences qui secouent l’Est du pays.
Rappelons que Martin Fayulu n’a jamais reconnu Félix Tshisekedi comme président légitime de la RDC, ni après les élections de 2018 ni celles de 2023. Son appel à un dialogue direct avec ce dernier marque donc une rupture dans sa posture traditionnelle, et une ouverture stratégique, selon ses partisans, à une sortie de crise nationale.
Depuis 2024, Fayulu a intensifié ses appels à un dialogue national, appuyé par plusieurs figures religieuses du pays. Mais cette démarche, saluée par certains, est perçue par d’autres comme une trahison du combat initial pour la vérité électorale.