Leguideinfo.net : Le projet minier Simandou, l’un des plus vastes gisements de fer au monde, représente une opportunité stratégique pour la Guinée. Cependant, Simandou fait craindre une répétition de la malédiction des ressources minières comme dans d’autres pays africains. En tant que Guinéen et originaire de la région forestière qui abrite Simandou, je me dois de participer au débat sur le développement de mon pays et en particulier sur Simandou. Repenser le développement de la Guinée est devenu une nécessité stratégique, économique et sociale Ce plaidoyer vise à proposer des solutions concrètes pour transformer Simandou en un levier de développement durable, équitable et souverain.
Voici l’intégralité du plaidoyer à télécharger 👇👇👇
Repenser Simandou : Pour une rupture stratégique et un développement durable
Face aux risques d’une malédiction minière, la Guinée doit opérer une rupture stratégique profonde. Il ne s’agit pas seulement de corriger les erreurs du passé, mais de redéfinir le rôle de Simandou dans une vision nationale de développement équitable, souverain et durable.
1. Instaurer une gouvernance transparente et participative :
– Publier tous les contrats miniers et adhérer pleinement à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE).
– Impliquer les collectivités locales dans les négociations, la gestion des revenus miniers et le suivi des impacts environnementaux et sociaux.
– Mise en place d’un observatoire national citoyen des marchés publics y compris locaux (ONACIM), avec droit de regard sur les procédures d’attribution
2. Assurer une redistribution équitable des revenus :
– A la différence d’un simple fond souverain, la Guinée doit remplacer tous les fonds miniers existants par la création d’un : Fond National pour l’Équité et le Développement Durable (FONEDD), un fonds unique et innovant visant à investir dans les générations futures, stabiliser l’économie face aux chocs des matières premières, et réduire les inégalités régionales, tout en garantissant une gestion indépendante, transparente et auditée par des institutions internationales.
– Imposer un contenu local fort : recrutement prioritaire de main-d’œuvre guinéenne, sous-traitance nationale, et transfert de compétences techniques exigeantes à travers une loi nationale.
3. Protéger les droits humains et l’environnement :
– Mettre en œuvre des mécanismes de consultation préalable, libre et informée (normes FPIC).
– Intégrer des clauses environnementales strictes dans tous les contrats et garantir des compensations justes pour les populations affectées.
4. Adopter une vision économique intégrée et souveraine :
– Utiliser Simandou comme catalyseur de diversification économique : développement de la sidérurgie locale, des services logistiques, de l’agriculture et des PME.
– Promouvoir une industrialisation progressive pour sortir de la dépendance aux matières premières brutes
5. Opter fortement pour une Décentralisation et autonomisation des collectivités locales et des régions
Repenser un nouveau modèle de décentralisation qui doit reposer sur une décentralisation effective, permettant aux régions et communes de concevoir et mettre en œuvre leurs propres plans de développement. Cela implique de transférer des compétences, des ressources financières et humaines aux collectivités locales, tout en renforçant leur capacité de gestion.
Conclusion : Le pari Simandou
Simandou incarne à la fois l’espoir et les dérives de l’exploitation minière en Afrique. Son avenir dépend d’une volonté politique forte, d’une gouvernance exemplaire et d’une vision de long terme. Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), chargé de la transition, porte une responsabilité historique : faire de Simandou un levier de transformation nationale, et non une malédiction de plus.
La Guinée dispose des ressources, des compétences et des partenaires pour réussir. Elle doit cependant choisir entre la continuité des pratiques extractives prédatrices ou l’audace d’un nouveau modèle de développement, inclusif, équitable et durable.

Une excellente contribution citoyenne. Merci Fara