Leguideinfo.net : en République de Guinée, l’un des maux qui traumatise la société s’appelle violence basée sur le genre (VBG). Des guinéennes subissent cet acte sous toutes ses formes et au quotidien, malgré les nombreuses luttes. En ce moment même, un projet dénommé : Renforcement de la Réponse Intégrée en faveur des survivantes des violences Basée sur le Genre (RedIR-VBG) est en cours dans trois grandes régions du pays. Il s’agit de Conakry, Kindia et de Labé. Il est exécuté sur le terrain par l’ONG Terre des Hommes en consortium avec l’ONG Sabou-Guinée et SAGUIPED.Il est financé à hauteur d’un millions cinq cent mille euros (1 500 000 £ ) par l’Union Européenne avec un soutien Institutionnel du gouvernement guinéen à travers les départements de tutelles. 900 survivantes de VBG seront prises en charge par le projet dans les régions ciblées. Trois millions de personnes seront sensibilisées sur les dégâts des VBG selon la responsable du projet.

Mariage précoce et ses conséquences sur la jeune fille
Nous avons eu le témoignage courageux d’une jeune fille victime de mariage précoce. À l’âge de 14 ans, elle est donnée en mariage contre son gré. Aujourd’hui divorcée, elle lutte de toute son énergie contre le phénomène. Même si elle n’en veut pas forcément à ses parents mais elle voulait être écoutée pour un projet de vie la concernant.
« Imaginer même passer une seule nuit avec une personne qu’on n’aime pas. Qu’est-ce que ça peut faire? Ce que je suis en train de vous dire aujourd’hui moi-même je suis victime, je sais de quoi je parle. À l’âge de 14 ans, j’ai été donné un mariage. Là, je le dis pour dire à d’autres filles qui pensent qu’elles sont seules, non elles ne sont pas seules, moi personnellement j’ai été victime. J’ai voulu expliquer à mes parents mais personne ne voulait m’écouter. Mon oncle même disait qu’il ne va pas annuler un mariage à cause de mes études. Je me demandais si c’était mes vrais parents. Je n’arrivais pas à comprendre les choses. J’ai été dans un mariage avec un homme que je n’aimais pas. J’étais trop petite. Je ne pouvais pas gérer finalement j’ai divorcé», témoigne Aïssata Diallo qui ajoute que ce mariage a négativement impacté ses études.
Aujourd’hui, elle est révoltée et jure de tenir tête à toute personne qui essaierait de lui donner de force en mariage. Elle va non seulement dénoncer mais elle s’assurera que des poursuites judiciaires sont engagées contre la personne. « Actuellement je ne veux pas compter sur quelqu’un dans ma famille pour dire que cette personne-là va m’épouser. Je suis consciente que les parents veulent du bien pour leurs enfants mais parfois c’est très important aussi d’écouter ce dont l’enfant a besoin », conseille Mademoiselle Diallo.
Elle appelle l’État à prendre des dispositions afin d’appliquer la loi dans toute sa rigueur. Pour elle, c’est une question de choix c’est parce ceux qui veulent entendre le message, l’entendent bien et l’appliquent. « Il faut que ces jeunes filles aussi victimes décident de dénoncer et moi là où j’en suis aujourd’hui, personne ne peut me forcer à me donner un mariage parce que quand tu essayes moi là je dénonce. Et puis quand je dénonce je ferai tout mon possible pour vous poursuivre. Si toi tu as accepté de te taire là-dessus, c’est de la même manière qu’ils vont faire avec tes sœurs. Et puis finalement si une personne ne se décide d’agir ça va se perpétuer comme ça », prévient-t-elle.
Mutilation génitale féminine
Une autre habitude qui a la peau dure, comme celui de l’hippopotame dont sont victimes les filles. Voici un témoignage glaçant d’une victime d’excision devenue défenseuse des droits des filles. Elle vit les premières conséquences, dit-elle, et craint pour sa vie à cause de ce qu’elle entend. Pourtant, c’est un crime commis par des femmes sur d’autres femmes. La pauvreté est un facteur évocateur qui empêche la lutte de porter fruits nous explique Mademoiselle Camara.
« J’ai déjà subi l’excision, donc je sais en gros ce que ce. Je sais ce que je vis actuellement lors de de ma période de menstruation. Je n’ai pas encore accouché parce qu’on dit qu’il y a les complications lors de l’accouchement et tout ce qui va avec, mais pour le moment ce que je vis à l’instant même c’est les menstrues et c’est vraiment très très très très très très très douloureux », témoigne la jeune Hadja M’hawa Camara qui vit la peur au ventre.
Ce qu’elle entend sur l’accouchement l’a terrifié. « Ça me fait très peur parce que je ne sais pas à quoi m’attendre. Quand on ne sait pas à quoi s’attendre, c’est effrayant !».
Elle déconseille la pratique. Hadja s’est déjà renseignée auprès des religieux qui l’ont rassuré que l’acte d’ablation n’a pas de fondement religieux. Ce qui est paradoxal, ce que les mutilations génitales féminines se font par des femmes sur d’autres femmes. M’mawa nous raconte l’histoire d’une vieille exciseuse qui est traumatisée par l’acte qu’elle a subi à l’enfance et qu’elle continue malgré tout à faire subir à d’autres filles.

« C’est une exciseuse hein mais elle, elle a subit l’excision, elle en avait beaucoup souffert. Actuellement là où on est comme ça, elle connaît le lieu. Elle n’arrive pas jusqu’à présent à passer devant là où on l’avait excisée. Pourtant l’excision c’était fait depuis quand elle était à bas âge. Actuellement elle est vieille mais jusqu’à présent elle n’arrive pas à passer devant cette cour là. Ce qui veut dire que la douleur n’est pas que physique, ça a un effet psychologique. Elle est ancrée dans nos têtes. J’appelle les parents à cela. C’est mauvais », plaide la survivante terrorisée.
Cas de viol en Guinée
Un autre mal, qui sévit en République de Guinée. Les viols voire même des cas d’incestes sont récurrents dans le pays malgré que l’acte soit incriminé. Des cas d’impuretés sont signalés et la honte habite encore certaines victimes à cause des pesanteurs sociales. Elles ne dénoncent pas. Il est temps de changer le fusil d’épaule constate Aminata Mara, télé-conseillère à l’Association Guinéenne des Assistantes Sociales. Elle encourage l’éducation sexuelle dans les familles comme moyen de prévention du phénomène. Elle pense que les parents doivent discuter de la sexualité avec les enfants. Enseigner les garçons les valeurs de la femme.

« Essayons de sensibiliser les parents en leur disant d’essayer de communiquer avec les enfants. Il faut préparer l’enfant que ce soit garçon ou fille. L’éducation sexuelle peut réduire les cas de viols. Il faut inculquer le respect aux enfants. Les comportements de la famille et de l’entourage peuvent d’une manière ou d’une autre influencer les enfants », précise dame Mara qui insiste sur un suivi correct des enfants.
Violences Conjugales
Monique Bangoura de L’ONG (MDT) Même Droits pour Tous, laisse parler son expérience. La chargée des questions liées aux VBG coupe court. La solution pour elle réside dans la communication. « S’il y a un manque de communication dans un couple, vous allez écouter les gens de dehors. C’est ce qui n’est pas bon. C’est ce qui fait que beaucoup des couples ne réussissent pas dans leurs relations », reconnaît l’activiste et militante des droits de l’Homme.

Pistes des solutions aux problèmes
Depuis huit mois maintenant, des gros moyens sont employés pour appuyer les acteurs qui luttent contre le phénomène sur le terrain. Il s’agit du projet Renforcement de la Réponse Intégrée en faveur des survivantes des violences basées sur le Genre, ReDIR-VBG.

« Alors l’objectif du projet, c’est vraiment de pouvoir renforcer les acteurs locaux qui luttent déjà et font un travail formidable pour la lutte contre les VBG de pouvoir appuyer les acteurs de promotion, les acteurs qui travaillent dans les ONG, les associations pour les jeunes, les femmes mais aussi le personnel de prise en charge des différents services auxquels les survivantes auront besoin que ce soit les services sanitaires, les psychosociaux, les services juridiques, de réinsertion socio-économique, d’hébergement sécurisé et autres. Ce projet vise essentiellement 900 survivante de violence basée sur le genre mais aussi plus largement on souhaite sensibiliser un peu près 3 millions de personnes à travers diverses à notre sensibilités que ce soit la sensibilisation communautaire sur le terrain mais aussi à travers la sensibilisation sur les médias et les réseaux sociaux », explique madame Souaré Karima Devautour, cheffe de projet RedIR-VBG.
Méthode de lutte
« On a pu commencer la formation de points focaux VBG du projet on a identifié 135 points focaux à travers Conakry, Kindia et Labé qui sont des acteurs communautaires qui évoluent déjà sur le terrain sur le terrain qui ont la confiance des communautés dans lesquelles ils vivent et qui vont nous aider à justement pouvoir organiser des activités de sensibilisation sur le terrain et pouvoir signalés les cas de VBG afin qu’on puisse appuyer les survivantes. C’est un projet qui est essentiel justement puisqu’il vise la lutte contre les violences basées sur le genre et la traite des personnes. C’est un sujet important et on en parle beaucoup, mais c’est vrai qu’il est temps de pouvoir dépasser tout ce qui est prévention, sensibilisation et vraiment améliorer les services de prise en charge pour les survivantes mais aussi et surtout l’accompagnement juridique pour pouvoir réellement s’assurer de lutter contre l’impunité des auteurs pour qu’il ait des conséquences aux violences basées sur le genre pour que en plus les les auteurs puissent enfin se rendre compte que les VBG ne restent pas impuni et que les survivantes soient convaincus que lorsqu’ une violente pas sur le genre leur arrivée, la population est là pour les protéger et défendre leurs droits », explique Madame Souaré Karima Devautour
Coût financier
« Le projet est financé à hauteur d’un million 500 000 euros pour une durée de 3 ans. C’est vrai que c’est un projet qui demande beaucoup de fonds puisque on s’assure que la prise en charge des survivantes soit gratuites pour elles, pour s’assurer qu’elles puisse accéder à tous les services dont elles ont besoin et sur une large partie du territoire quand même puisque c’est Conakry, Kindia et Labé et on s’assure de ne pas travailler que dans les communes urbaines. Mais vraiment de pouvoir toucher aussi les zones rurales qui ont le fer pendant le plus besoin », promet la cheffe du projet RedIR-VBG.
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