Leguideinfo.net : dans les préparatifs de la fête en Guinée, il y a forcément de la viande. Cette année, cela relève d’un parcours sans merci. Des longs fils se forment devant les boucheries. Des bouchers débordés par des clients impatients pour la plupart. C’est une pénurie inédite qui frappe la Guinée, jamais enregistrée depuis une quinzaine d’années, nous rapporte le secrétaire administratif de la coopérative des Bouchers de Guinée.
Quête de viande à Conakry et environs
Des citoyens sillonnent de quartier à quartier pour se procurer de la viande. D’autres travers même la ville de Conakry. Quoi qu’il arrive, il ne démissionne pas. Il veut de la viande surtout pas de poulet, ni de ferme encore moins importé.
« Je viens de la ville, je suis allé d’abord à Yimbaya après la base militaire, là, je n’ai pas eu de viande. Donc je me suis dit de venir ici comme la boucherie d’ici est à côté de l’abattoir. Si je ne gagne pas je vais attendre demain parce je n’aime pas les poulets de ferme ou bien les poulets importés », se désole le citoyen Kémo Saidouba Keïta rencontré devant une boucherie contiguë à l’abattoir national de Guinée.

Nous avons aussi rencontré une dame qui a parcouru cinq kilomètres (5 km) soit la distance qui sépare Kagbelen de Dubréka pour trouver quatre kilos de viande. Le voyage ne sera pas vain.
« Je cherche de la viande pour ma famille. Mais on m’a dit que c’est insuffisant. Que tout le monde ne peut pas avoir. J’attends de voir si j’arrive à compléter. J’ai gagné 2 kg d’abord je veux j’attends si j’arrive à compléter à quatre c’est bon » Djénéba Youla. Avant notre départ, la dame a été servie.
Non de lui un autre consommateur de moins rigoureux. Lui, il a déjà activé un plan B malgré celui de s’acheter un carton de poulet importé.
« Ah je n’ai pas encore trouvé. Je suis dans ma deuxième boucherie. J’espère que je vais trouver ici. Il y a pas beaucoup de viandes qu’ils sont allés égorger et il ya la queue partout partout. Faut faire la queue donc on espère qu’on va trouver ici. Si on trouve pas, on va trouver d’autres solutions où on va parcourir d’autres boucheries à nouveau. Sinon on va aller acheter un carton de poulet en haut là-bas. Poulet importés malheureusement. On veut avoir de la viande, on ne mange pas la viande tous les jours. Quand c’est le jour de la fête, il faut manger de la viande au moins. Donc voilà donc on espère qu’on va pouvoir gagner », espère cet autre client.
D’où vient la crise ?
D’après le secrétaire administratif de la coopérative des Bouchers de Guinée, cette pénurie était perceptible. Il accuse les effets du dérèglement climatique qui joue sur l’élevage et donc les conséquences se ressentent à travers la rareté de la viande sur le marché surtout pendant les saisons sèches.
« On a une pénurie qui ne nous a jamais quittée durant une quinzaine d’années. Cette fois-ci elle est tellement pire parce que nous ressentons quelque chose en nous. On a compris ce qui se dit est devenu une réalité hein. Le dérèglement climatique à agi sur la Guinée puisque toutes nos bêtes nationales sont en état de très maigre. Alors on peut ne pas vendre pour en bénéficier. Alors tout le monde attend la saison des pluies pour pouvoir liquider leur bête. C’est le premier aspect. Le second aspect, on a beaucoup de problèmes des espaces pastoraux. C’est cette année qu’on nous a doté d’un code de pastoral mais jusqu’ici c’est pas mis en marche. C’est pas mis en marche alors ça fatigue beaucoup », fait remarquer, Thierno Mamoudou Diallo, secrétaire administratif de la Coopérative Nationale des Bouchers de Guinée et président de la fédération viande et bétails de Guinée.
Avant c’est la Sierra Léone qui venait à Dogomet (une des ville guinéennes) pour se ravitailler en bétails, explique-t-il. « Mais cette fois-ci nous c’est nous qui sommes partis à la frontière de la Sierra Léonaise pour s’en servir. C’est ce qui agit sur nous. C’est grâce aux bœufs du Mali, vous avez vu un peu partout dans les parcs qui nous a sauvé un peu », avoue-t-il.
Qu’est-ce qu’il faut pour trouver une solution durable ?
« Il faudrait que nous-mêmes nous nous levions, que les autorités aident les acteurs pour pouvoir mettre un terme à cela. D’abord relever l’information au niveau supérieur pour qu’ensemble à partir des informations. Il faut encourager l’élevage puisque chaque fois qu’on attend la main de quelqu’un un jour il va se fatiguer. Il faudrait que toi-même tu te lèves pour te suffire. Nous ne sommes pas surpris. C’était vraiment prévisible. C’était prévisible parce que c’est venu à un moment où le plus souvent l’écart se sentait un peu, mais cette fois-ci, c’est devenu exagéré », reconnaît M. Thierno Mamoudou Diallo.
Dispositions urgentes
Avant notre départ des lieux, un camion rempli de bœufs venait d’arriver. Le président de la Coopérative Nationale des Bouchers de Guinée s’en est même félicité. Il a essayé de rassurer les consommateurs que la fourniture de viande sera effective et que la crise sera derrière eux. Au même moment, il déclare que le prix du kilogramme de viande restera à 60 000 GNF quoi qu’il arrive.
«Si un client constate qu’un boucher a augmenté le prix, qu’il le dénonce et nous allons poursuivre l’intéressé en justice», martèle Boubacar Sokhia Bah, le président de la Coopérative Nationale des Bouchers de Guinée.

Il y a trois jours, ils ont élaboré une liste des numéros verts pour permettre aux citoyens de dénoncer en d’abus.