Leguideinfo.net : le recensement de la population à vocation d’état civil (RAVEC), en cours en République de Guinée, enregistre un véritable engouement dans les centres d’enrôlements à travers le pays. Nonobstant des difficultés, des citoyens rallient les lieux dès l’aube pour espérer être dans le fichier national. L’opération concerne les guinéens âgés de 10 ans et plus. Déjà prorogée jusqu’à la fin du mois de mai, des citoyens et mêmes des agents recenseurs estiment que cette date est intenable et qu’il faut penser à aller au-delà.
Venu se faire recenser, Alsény Conté est l’enseignant dans des établissements privés. Il profite de son jour de repos pour se faire enregistrer dans le fichier. « Je suis venu me faire recenser comme tous les autres. Comme aujourd’hui c’est un dimanche, jour de repos pour moi. Je suis venu ici à 4h du matin. J’ai trouvé deux ou trois personnes qui m’ont dit qu’il faut écrire une liste et remettre à la famille qui est là, après elle va remettre aux agents recenseurs. Je suis allé chercher des papiers-rames, moi-même, j’ai écrit la liste et j’ai été cinquième sur la liste », nous explique M. Conté.
À 8h, les agents recenseurs arrivent et une autre réalité vient bouleverser le rêve de Conté de se faire recenser tôt. Des vieilles listes étaient à l’attente et d’autres considérations sociales aussi. « Nous sommes au 18ème jour aujourd’hui. Et pratiquement l’affluence ne fait qu’augmenter. Nous devrions quitter ici après deux semaines, mais vue l’affluence, le chef secteur à plaider pour trois jours de plus, c’est-à-dire nous allons quitter ici le 20 mai », explique le président du centre avant de revenir sur l’idée de la liste préétablie.
« Cette organisation a été mise en place par le chef secteur qui choisit quelqu’un à la veille pour établir une liste dès 6h selon l’ordre d’arrivée. Quand nous venons maintenant c’est cette liste qu’on nous présente et les agents procèdent à l’appel selon la liste présentée. Mais la première des choses quand nous d’abord avant de prendre cette liste on va regarder dans la foule, les personnes âgées, les femmes enceinte, les nourrissent et les malades surtout », détaille Savané.
Ce privilège accordé à ces différentes couches sociales éloigne Alsény Conté de sa cinquième place. Venu à 4h, il sera recensé à 13h. « Dieu merci, je viens d’accomplir mon devoir citoyen », se réjouit-il. Parlant de son rang, conseille la patience. « J’ai trouvé des listes, ils m’ont dit que ces personnes sont venues la nuit d’hier. J’ai patienter et Dieu merci j’ai déjà fait mon enrôlement. Je suis tellement content, demain je vais être en classes des cours de chimie et de physique. Je vais encourager mes amis à se faire enrôler », se félicite l’enseignant.
Un autre enseignant trouvé sur place éprouve des difficultés. Il fait des remarques sur l’insuffisance des kits d’enrôlement. Une situation préjudiciable au bon déroulement de l’opération.
« On est en manque de machines. La population souffre. Actuellement, il y a beaucoup de monde qui n’est pas encore recensé d’abord. On dit aux autorités de venir en aide, d’envoyer beaucoup de machines. Il y en a d’autres qui sont venus ici depuis une semaine sans se faire recenser à cause des machines. Aux autorités de nous aider, parce que la Guinée et Guinée, on n’a jamais fait des recensements pareils-là. On est plus de 1 000 ici et on n’a que deux machines c’est insuffisant », fait remarquer Gaspard Doualamou habitant de Kagbelen.
Les agents font ce qu’ils peuvent pour satisfaire la demande, certains d’entre eux ne croient pas à l’épuisement de la liste d’attente avant la date indiquée. Mis à côté, ils invitent les parents à déclarer la naissance de leurs enfants dans les délais requis pour éviter des complications liées à l’incohérence dans les documents administratifs de leurs enfants. Ahmed Sékou Fofana, déplore la caducité de certains documents. Il conseille aussi la patience pour éviter de troubler l’ordre établi.
Le temps maximum pour enregistrer un citoyen dans la machine d’enrôlement, est de cinq minutes. Conscient de la situation qui prévaut, il est pessimiste quant à l’enrôlement de tout le monde avant la tenue de la date du 30 mai 2025.
« Chaque jour, il y a un nombre important qui se présente. Donc moi personnellement je ne peux pas dire qu’on peut finir d’ici le 30 mai. Je ne peux pas m’avancer pour dire qu’on va prendre encore un mois de plus, mais je ne crois pas que l’objectif sera atteint dans un mois », souligne l’agent recenseur.
Dans ce centre du quartier Kagbelen Plateau, secteur Baffons, les deux agents recenseurs peuvent enregistrer de 130 à 150 citoyens par jour selon Amadou Savané. À ce jour, 1 752 personnes sont enregistrées en 17 jours : « C’est un travail intense, c’est 7 jours sur 7. On est là de 08h à 18h45 tous les jours.»