Leguideinfo.net : Le Leppi de Guinée est reconnu comme une Indication Géographique Protéger par l’Organisation Africaine la Propriété Intellectuelle. Un succès historique pour la Guinée. L’Office National pour la Protection de l’Artisanat qui a porté le projet a accordé une interview à l’un de nos journalistes pour faire le film de la démarche. Avec la Directrice Générale Adjointe, on parle de l’avenir de ce tissu local, ses défis et les gardes fous pour sa survie. Désormais l’ONPA va procéder à la vulgarisation du cahier des charges, étiqueter les pagnes conformes, réprimander les contrevenants pour le salut de la culture. L’office travaille sur d’autres projets du patrimoines culturel, tel que le pagne produit au sud de la Guinée “le forêt sacrée” ou encore le Poutô.

Leguideinfo.net : Bonjour, Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA. À l’Office National des Promotion de l’Artisanat, on constate du sourire chez vous, parce que Le Leppi de Guinée vient désormais d’être reconnu sur le plan international comme une indication géographique protégée. Dites-nous comment cette nouvelle est accueillie Conakry.
Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA :
Très bien ! Merci à votre média www.leguideinfo.net, Merci à vous pour l’opportunité que vous me donnez pour m’exprimer autour de cette bonne nouvelle que nous avons accueilli, notamment l’inscription de Leppi en tant qu’Indication Géographique Protégée au niveau de l’OAPI. Donc comme vous le savez c’est comme si c’est une partie du combat qui a gagné. Donc celui de protéger ce patrimoine culturel. Notre tissu emblématique, Leppi de Guinée qui était très menacé ces derniers temps, non seulement par d’autres pays de la sous-région mais également par la contrefaçon. Donc nous avons pris le devant pour pouvoir protéger ce tissu que tout le monde connaît à travers sa texture, sa couleur et puis sa particularité qui est cet indigo-là, donc pour nous aujourd’hui c’est une fierté et à travers nous l’État guinéen qui célèbre vraiment une joie aussi.
Leguideinfo.net : ça veut dire que c’est le fruit d’un long processus. Faites-nous le résumé du film, comment vous vous êtes arrangés jusqu’à ce que vous vous retrouvez là pour qu’il ce projet afin qu’il soit soutenu l’Union européenne et puis sortir gagnant ?
Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA :
Oui oui très bien, merci beaucoup! Et donc comme vous savez déjà, je viens de donner les enjeux qui étaient autour de Leppi notamment certains pays qui commençaient déjà à s’en appropriés et aussi contre la contrefaçon. Quand vous regardez le marché, combien de fois il est inondé par les produits contrefaits de notre textille. Donc on a trouvé nécessaire de protéger notre Leppi et le processus a été un peu long donc nous remercions déjà le partenaire Enabel qui a été à l’écoute qui a accepté de nous aider dans ce travail-là et aussi l’Union européenne qui a financé le projet.
Donc pour pouvoir arriver à ce résultat, il y a eu une démarche qui a été menée. Donc nous avons d’abord commencé par identifier les producteurs de Leppi donc d’abord l’identification de produit lui-même. Donc fallait d’abord s’assurer que le Leppi il est vraiment produit en Guinée et donc nous avons commencé par une mission d’identification de tous les producteurs de l’épée et dans les différentes zones.
Et donc comme vous savez c’est le Fouta qui est reconnu pour pour Leppi donc une mission est passée où on a recensé plus de 2 000 artisans qui font du Leppi notamment qui font le tissage et la teinture en même temps. Donc à la suite de cela Énabel a lancé un appel d’offre pour recruter un consultant qui va élaborer le cahier de charges du Leppi donc c’est comme ça que le consultant a été recruté et qui a aussi fait une autre mission sur le terrain pour rencontrer les acteurs, les producteurs du Leppi et parmi ces producteurs il y a eu 50 qui ont été identifiés qui sont capables de respecter les normes de les normes de la fabrication du Leppi et donc il y a eu un cahier de charge qui a été élaboré donc ce cahier de charge quand il a été élaboré il y a eu des réunions de présentation, de cahier de charges et de validation de contenu du cahier de charge et donc dans le cahier de charge il y avait principalement certains éléments qu’il fallait respecter dans la fabrication de Leppi d’abord pour reconnaître le Leppi.
Donc le Leppi d’abord on a donné un nom, le Leppi de Guinée donc ensuite et pour reconnaître le Leppi de Guinée, il fallait d’abord travailler sur la dimension du pagne parce que comme vous savez il y a beaucoup de personnes qui font le pagne Leppi. Tu vas sur le marché, tu prends un Leppi, un pagne de trois mètres ne peut même pas te faire un complet donc on a travaillé d’abord sur la dimension. Donc aujourd’hui le Leppi de Guinée a sa dimension normale.
Aujourd’hui le Leppi de Guinée, sa dimension normale c’est deux mètres sur un mètre 20 cm et donc ça c’est la première inscription, la deuxième inscription c’est les couleurs du Leppi donc nous avons identifié deux couleurs du Leppi. C’est le Leppi Indigo et le Leppi rayer noir-blanc. Il y avait aussi de la densité. L’autre élément c’était sur la densité du fil donc avant les gens faisaient le Leppi sur avec un seul fil et donc nous pour la densité c’est deux files pour permettre d’avoir vraiment un tissu de qualité bien lourd et épais. Vous prenez avant le Leppi, vous le portez. Vous pouvez même voir de travers l’autre qui est de l’autre côté donc c’est pas de qualité donc on a travaillé sur ça mais aussi le Leppi de Guinée doit être à 100% coton donc si ce n’est pas à 100% coton, ça ne peut pas être du Leppi.
Donc le cahier de charge a été validé avec ses différents éléments là et ça a été validé par le comité national des Indications géographiques en République de Guinée. Donc à la suite de cette validation, on est passé maintenant à la mise en place du groupement porteur. Nous sommes l’État. Nous sommes c’est vrai, l’ONPA c’est l’office qui œuvre dans la promotion de l’artisanat. Nous ne pouvons pas directement porter le projet mais nous appuyons donc il fallait mettre un groupement porteur en place qui va porter le projet. Et ce groupement porteur est composé de artisans producteurs eux-mêmes donc ils sont au nombre de 50. Ils ont été choisis dans les groupements dans chaque préfecture reconnue producteur du Leppi.
Donc à la suite de la mise en place de de groupement porteur, nous avons déposé le cahier de charges au niveau du service de la propriété intellectuelle qui relève du ministère de commerce. Parce que qui parle de Label, de propreté intellectuelle son ancrage institutionnel c’est au niveau du ministère du Commerce. Donc on a demandé à ce que notre cahier de charge soit inscrit au niveau de l’OAPI et donc ils ont validé et c’est parti aussi au niveau de l’OAPI qui après trois mois nous a délivré finalement l’inscription du Leppi comme indication géographique protégée.
Leguideinfo.net: Alors l’indication est obtenue, c’est quoi la prochaine étape?
Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA :
Donc la prochaine étape c’est maintenant la vulgarisation du cahier de charges donc ce que je viens d’expliquer un peu le contenu du cahier de charge, mais il n’est pas encore connu par tous les producteurs du Leppi et tous les Guinéens. Donc nous allons passer la prochaine étape à la vulgarisation du cahier de charges pour que chaque artisan, chaque protecteur du Leppi puisse s’en approprier et savoir que les dispositions qui sont prises maintenant pour la production d’un Leppi de qualité après la vulgarisation de cahier de charge, nous allons passer à l’étiquetage des pagnes. Donc tous les pagnes qui respectent le cahier de charge vont être étiquetés et pour pouvoir être vendu aussi au niveau national et au niveau international. Et puis maintenant accompagner le groupement porteur pour veiller au respect du cahier de charges.
Leguideinfo.net: Pourquoi les liquides sont-ils à risque, si ce n’est pas étiqueté ?
Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA :
Si c’est pas étiqueté, c’est que nous risquons encore la contrefaçon n’importe qui peut produire du Leppi et dire que c’est un Leppi de Guinée. Quelqu’un d’un autre pays peut produire le Leppi et dire que c’est le Leppi alors que ce n’est pas du Leppi. Donc voilà l’importance d’étiqueter le Leppi de Guinée tout ça.
Leguideinfo.net : Qu’est-ce que ça rapporte aux artisans à la base, les artisans locaux, qu’est-ce eux ils vont ressentir comme différence ?
Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA :
Au niveau des artisans, c’est de pouvoir faire maintenant un travail de qualité. Donc je vous ai expliqué tout à l’heure qu’avant, quand tu prends un Leppi produit par les artisans qui ne respectent pas le cahier de charge, il n’est pas beau, il déteint et il n’est pas de qualité. Donc aujourd’hui ça permet aux artisans de produire un Leppi de qualité et quand on fait quelque chose de qualité forcément tu vas le vendre à un bon prix et donc tu as le marché qui s’ouvre à toi au niveau national et au niveau international. Donc ça fait aussi de l’emploi pour beaucoup de personnes, en termes d’économie aussi, ça apporte de la richesse au niveau des artisans mais aussi au niveau de l’économie nationale.
Leguideinfo.net : on va faire un clin d’œil au CNT, là-bas il y a une résolution qui est votée. Si vous ne portez pas de tissu local, vous risquez de perdre au moins 30% de votre prime. Est-ce que c’est un l’élément déclencheur qui vous galvanise dans votre position de promoteur de l’artisanat ?
Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA :
Oui tout à fait et vraiment je salue l’initiative du CNT, à sa tête l’honorable Dansa Kourouma, vraiment qui a vu très très loin parce que au moment où il faisait ça nous on n’avait pas encore commencé à parler de la Labelisation du Leppi de Guinée et on salue cette initiative. Ils viennent nous aider. Ils viennent nous conforter vraiment dans notre travail. Donc ceci est vraiment quelque chose de très bien pour nous et pour les producteurs, des artisans que nous sommes parce qu’aujourd’hui au moins les artisans sont capables de produire et écouler la marchandise avant les gens, ils ne portaient pas suffisamment le tissu guinéen parce qu’ils se plaignaient non seulement que c’est pas bon, il n’est pas de qualité et il n’est pas beau ainsi de suite ainsi de suite. Mais aujourd’hui on voit que ça apporte et il y a beaucoup d’artisans aujourd’hui qui sont en train, même pas des artisans, beaucoup de promoteurs qui vont aujourd’hui vers d’artisanat parce que ça commence à porter quelque chose au revenu.
Leguideinfo.net : On vous voit dans le Leppi, comment vous vous sentez là dedans?
Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA :
Oui je me sens euh. Je me sens très bien. Je suis fier de porter ce Leppi parce que non seulement c’est un Leppi qui répond aux normes, et qui respecte les cahiers de charge. Il est beau mais ça fait aussi une identité culturelle de la Guinée donc ça me permet de faire la promotion de notre identité culturelle mais aussi contribuer à promouvoir le travail des artisans et à apporter aussi un revenu à ces artisans qui travaillent dans l’ombre.
Leguideinfo.net : Quelles sont les mesures punitives que vous envisagez pour protéger l’artisan et le consommateur ?
Madame Ifono Fatoumata Estelle Mansaré, DGA de l’ONPA :
Ok très bien et donc, comme vous voyez le Leppi est inscrit maintenant comme Indication Géographique Protégée, ça veut dire que nous protégeons ceux qui font le bon travail et donc tous ceux qui vont aller à l’encontre du cahier de charges, donc ceux qui vont apporter de la contrefaçon pour casser le marché des producteurs seront poursuivi pour délit, pour pour crime, surtout qu’il y a déjà un arrêté conjoint qui a été signé par le Ministère du commerce et le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat qui interdit la vente des produits de contrefaçon. Donc ça veut dire que toute personne qui sera attrapé en train de faire un Leppi qui ne répond pas aux normes ou bien qui essaye de faire de la contrefaçon sera poursuivie par la justice.
leguideinfo.net: Merci beaucoup !